La maroquinerie, ça prend du temps 4/4

Ca y est, j’arrive à la fin de mes présentations des étapes de la maroquinerie. On en est aux phases où l’article prend forme, où on fignole les détails et la finition. Enfin, restons optimistes parce que chaque étape s’est bien passée et le résultat dépasse nos espérances (soyons également ultra positifs 😂), on pourra admirer notre oeuvre.

Les différents montages

La préparation du cuir, et plus précisément des pièces qui constituent notre article est terminée. On va donc pouvoir les assembler pour mettre en forme l’article que nous fabriquons. Lorsqu’on a fait notre premier dessin, on a pensé à une forme, à l’aspect, au volume, aux finitions, et on a aussi procédé à l’analyse fonctionnelle et technique de l’article. On a fait le gabarit en fonction de tout cela. On a donc pensé au type de montage à effectuer pour mettre en forme notre article. Je vais simplifier au maximum cette partie car pour chaque grande famille de montage, il y a plusieurs sous-familles si je peux les nommer ainsi.

Les montages rognés

On l’a vu dans mon précédent article, la finition rognée est une finition aux bords francs, qu’on termine avec une teinture ou de la gomme arabique, voire pas du tout pour certains maroquiniers. C’est après tout une question de goût et de choix de gamme de produit.

Quelques exemples avec ce montage, des sacs que j’ai fait ou des sacs célèbres :

  1. De gauche à droite, sac montage Cavour. Il s’agit d’une bande de cuir faisant office de côtés et de fond du sac, en une seule pièce.
  2. Sac montage Mexicain. Un fond et 2 soufflets pour les côtés. Ce montage particulier se reconnaît car il a la forme d’un H sur la base.
  3. Sac montage Gousset avec le sac Kelly d’Hermès. Le gousset est le côté du sac, il déterminera l’épaisseur et la profondeur du sac, alors que le devant, le dos et le fond constituent une seule pièce.
  4. La ceinture, ici de chez Hermès, est l’illustration du montage A Plat. On l’utilise aussi pour les bandoulières. Tout simplement les 2 pièces de cuir sont collées bord à bord et à plat.

Les montages rembordés

Pour rappel vers mon article précédent, le rembord est une finition où le cuir se replie sur lui-même ou une autre pièce de cuir. Un peu comme un biais en couture.

Quelques exemples :

De gauche à droite

  1. L’intérieur d’un sac au montage Allemand et Contrecollé, avec les tranches de chaques parties rembordées et montées bord à bord. Ce montage Allemand est prévu pour être piqué à la machine car par le volume qu’il donne, il permet de passer aisément à la machine à coudre.
  2. Un sac cabas dont le bord supérieur est monté en Bordure Anglaise. La bordure est rembordée sur elle-même avant d’être rabattue et surpiquée. La différence avec le montage Bordure Italienne est que la surpiqûre sera sur la bordure et non au ras.
  3. Le montage Rembord simple : ici, sur le portefeuille, les bords sont repliés sur le côté et le haut de la pièce principale.
  4. Le montage Piqué Retourné : les pièces sont posées fleur contre fleur et piquées côté chair. C’est comme quand en couture, on pose le tissu endroit contre endroit, on coud sur l’envers, puis on retourne sur l’endroit.

On peut bien évidemment mixer ces différents montages sur un article. Comme dit plus haut, tout ceci sera déterminé au moment de faire le dessin et le gabarit, tout comme on déterminera quelles options mettre, selon l’usage qu’on fera de l’article. Mettre ou pas des poches à l’intérieur ou à l’extérieur, cette poche sera plate, à soufflet, à glissière? Le système de fermeture : à glissière, à rabat, avec un aimant, etc ? On mettra une bandoulière fixe ou amovible, réglable ou pas, ou alors des poignées ou des brides?

Le bichonnage

Photo de Andrea Piacquadio sur Pexels.com

Notre pièce est entièrement montée, on l’a presque terminée. Il faut passer à l’ultime étape, la bichonner. Ca consiste tout simplement à nettoyer la pièce, la retoucher s’il le faut. C’est le contrôle final de l’article réalisé.

Pour nettoyer une pièce de cuir avant de le vendre, on utilisera au choix :

  • le cirage pour faire briller, impermeabiliser, restaurer
  • le savon pour cuir, un savon glycériné pour retirer les tâches
  • la peinture pour cuir, pour rectifier les défauts ou décorer
  • la teinture pour cuir, la même qu’on utilise pour les tranches, pour rectifier quelques anomalies
  • le détachant pour tissu pour les doublures en tissu

Attention de bien tester sur une chute avant utilisation définitive. Et penser aussi à nos mains, certains produits nécessitent de mettre des gants pour se protéger, un tablier ou une surblouse pour ne pas salir ses vêtements.

On terminera enfin par passer un chiffon doux, non pelucheux et voilà, notre article est terminé 👌 prêt à être exhibé ou mis en vente.

J’espère que cette série d’article sur les étapes de la maroquinerie vous a plu. Pour les connaisseurs, les pros de la maroquinerie, je ne suis sûrement pas assez rentrée dans les détails, mais je voulais m’adresser à un large public, expliquer pourquoi on ne peut pas s’attendre à avoir un sac sur mesure du jour au lendemain et aussi pourquoi le coût s’en ressentira, sans faire peur. Je suis tombée dans la maroquinerie par mon engouement pour les sacs, et plus j’en apprends, plus j’adore. Et plus je suis patiente aussi. Car après tout, il s’agit d’un travail de patience et minutie. Une phrase que je me répète sans cesse et que j’applique désormais dans beaucoup de domaines : c’est en pratiquant que l’on apprend.

A la semaine prochaine 🤩

Publié par delphineco

Maman en reconversion professionnelle, et donc entre 2 métiers. D'un naturel optimiste, bavarde mais en même temps timide, j'aime profiter de la vie et utiliser mon esprit créatif pour voir le bon côté des choses. Comme le dit Snoopy, "on ne meurt qu'une fois, on vit tous les jours" :)

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